vendredi, janvier 27, 2006

Walking on the borderline

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Un hebdomadaire est fermé pour avoir critiqué les manuels officiels d'histoire
LE MONDE | par Bruno Philip

La reprise en main médiatique continue à Pékin. Le supplément hebdomadaire du Quotidien de la jeunesse de Chine, organe de la Ligue de la jeunesse communiste, vient d'être victime de ses audaces rédactionnelles en s'attirant les foudres du département de la propagande.
En conséquence, le Parti communiste vient de mettre fin, mardi 24 janvier, à dix années de publication de Bing Dian, supplément de quatre pages connu pour ses articles irrévérencieux et même parfois provocants sur des questions sociales ou politiques. Le supplément a été interdit sous prétexte qu'il aurait "critiqué de manière vicieuse le système socialiste", ont fait savoir les autorités dans un texte de cinq pages distribué aux responsables de l'hebdomadaire. Le pouvoir confirme ainsi sa résolution à mettre au pas tous ceux qui tentent de s'infiltrer dans les failles du système pour mieux en critiquer les abus et les dérives.

C'est un article récent écrit par un universitaire de la province méridionale du Guangdong, Yuan Weishi, qui a servi de prétexte au coup de colère des autorités : dans son texte, M. Yuan critiquait la version officielle retenue dans les livres d'histoire contemporaine où la dernière dynastie impériale mandchoue des Qing, pourtant renversée en 1911 par le mouvement républicain dont sera plus tard issu le Parti communiste, est présentée à ses yeux de manière tronquée, voire sous un jour trop favorable. Lesdits textes exaltent ainsi la révolte anti-occidentale en 1901 de la secte des Boxers, soutenue par l'impératrice Cixi, comme "un magnifique exemple de patriotisme".

Durcissement du régime

A l'été 2005, le rédacteur en chef de Bing Dian, Li Datong, membre du parti et journaliste confirmé, avait précipité sa future disgrâce en publiant une lettre de protestation contre une proposition des autorités consistant à attribuer des primes aux rédacteurs loués par le régime tout en diminuant le salaire des auteurs d'articles jugés trop critiques. Le département de la propagande avait tout de même dû revenir sur cette décision qui avait provoqué un tollé dans le journal.

La fermeture de sa publication n'empêche pas le même Li Datong d'exprimer ouvertement sa colère. Il a réagi en publiant une lettre ouverte dans laquelle il écrit qu'"en tant que journaliste professionnel, (il ne peut) pas comprendre l'arrêt de la publication de Bing Dian", qu'il juge "inacceptable". Les responsables du département de la propagande, dénonce-t-il, "considèrent l'instrument social qu'est un journal comme leur propriété dont ils peuvent disposer à loisir". Après le limogeage, fin décembre, du directeur de la rédaction des Nouvelles de Pékin, les médias sont bien l'objet d'une campagne de "rectification" générale, le tout sur fond de durcissement de l'attitude du régime en matière de droits de l'homme.

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